SES ORIGINES
Né d'un
père méridional et d'une mère bourguignonne, son enfance fut un calvaire.
Déchiré entre daube provençale et bœuf bourguignon, entre huile d'olives et
saindoux, entre tomates et patates, très vite Joël dut trancher : se sera
blanquette de veau, beurre persillé et nouilles au gruyère.
Enfant,
il se prit de passion pour Annie Cordy, Marcel Amont, Charles Aznavour,
l'harmonica et le gras de jambon, avant qu'il ne devienne à l'adolescence
fanatiquement fou des copines de sa classe, des photos de Brigitte Bardot
qu'il matait en cachette dans « Cinémonde », de Paul Anka, des Platters, et
surtout d'Elvis.
Sa libido aidant, il ne mit pas longtemps à comprendre
que s'afficher avec une guitare constituait un indéniable atout pour tomber
les filles (ou comme on dit maintenant : pour pécho des meufs). Ni une ni
deux (ni trois d'ailleurs) il acheta sa première guitare et fila à l'école
de musique Paul Beuscher ou pendant deux ans il se mit les doigts dans la
tête pour apprendre qu'une blanche valait deux noires, qu'une noire valait
deux croches, et qu'une main aux fesses valait deux baffes.
LES ROCKER'S

Puis
arriva l'aventure des ROCKER'S. Avec ses copains de collège Michel, Daniel,
Bernard et Claude tous fous d'Elvis ils décident de faire comme les
Chaussettes noires : monter un groupe de rock. Les Rocker's firent une
carrière honorable avec deux disques, pleins de galas dans les grandes
salles parisiennes, quelques passages radios et télés. En trois ans, de 1960
à 1963, ils se taillèrent une renommée mondiale qui s'étala du nord de
l'Essonne jusqu'au sud du Val de Marne.
Le
service militaire mit fin à la merveilleuse aventure des Rocker's.
SOUS LES DRAPEAUX
Il partit
pour la caserne de Joigny, la mort dans l'âme, la fleur au fusil et le
trouillomètre à zéro car au-delà de cette période de classe bourguignonne se
profilait une villégiature dans les Aurès ou la guerre d'Algérie battait son
plein. Sur place il rencontra un confrère guitariste ( cousin de Claude
Nougaro ), et après avoir rapatrié sa Gibson ils organisèrent des
répétitions dans le foyer des soldats.
Joël entama alors des démarches pour tenter de rester à
Joigny après ses classes. Ayant appris que le joueur de clairon qui le
réveillait tous les matins, approchait de la quille, il se positionna comme
remplaçant éventuel et c'est ainsi que tous les soirs on put le voir, assis
le cul dans l'herbe sous un noyer ancestral, occupé à cracher ses poumons
dans cet instrument de cuivre cabossé pour interpréter à l'attention des
lapins des oiseaux et des vers de terre, les différentes célèbres
sonneries : le réveil, le rassemblement, le salut au drapeau, le coucher et
autres jolies mélodies militaires.
Persuadé
que sa bonne volonté, son travail acharné et son vif désir de rester à
Joigny auraient été de nature à inciter les instances dirigeantes à
l'embaucher comme clairon, c'est confiant que Joël décacheta son ordre
d'affection, et qu'il lut : le canonnier Joël Jourdan est affecté à
Offenbourg au poste de reporter photographe. Voilà comment il s'est retrouvé
au pays de la bière et de la saucisse. (oui, je sais c'est assez réducteur,
l'Allemagne est aussi le pays de Beethoven, Goethe, Mahler et… de la
choucroute !).
Toujours
flanqué de sa Gibson et de son ampli, Joël arriva cet été là à Offenbourg.

LOS
AMOEL
L'internaute perspicace que tu es, aura compris que très
vite, un nouvel orchestre fut mis en place. Constitué de deux adjudants,
l'un pianiste alcoolique, l'autre contrebassiste obsédé sexuel, de cinq
appelés, un accordéoniste moustachu, un saxo consciencieux, un trompettiste
beau gosse, un clarinettiste laborieux et un batteur asthmatique et d'un
guitariste rockeur égaré, notre ami Joël. La formation « LOS AMOEL » était
née. Elle allait animer pendant seize mois tous les bals des garnisons
alentours, nombreuses à cette époque en Allemagne. Le pianiste était payé en
canettes de bière, le bassiste se servait en femmes d'officiers, quant aux
appelés ils étaient rémunérés en jours de permission ce qui leur convenait
tout à fait.
CAVALIER SEUL
Libéré
des obligations militaires Joël entama alors une carrière d'auteur
compositeur interprète. Accompagné d'un second guitariste il fit quelques
galas et passa des auditions. Son style était assez indéfinissable : un
mélange de Bécaud, Vassiliu, Boris Vian et Bobby Lapointe. Ce cocktail
étonnant mais sans doute pas détonnant, n'eut pas l'heur de plaire aux
professionnels de l'époque, à part le célèbre Guy Lux qui s'amusait beaucoup
à l'écoute des chansons de Joël. Malheureusement, il n'y eut jamais de
suite.
Joël fit encore quelques prestations guitaristiques
notamment au sein de l'orchestre de rythm'n blues du club « les Toppers » ou
il fut le seul blanc de la troupe, puis accompagna un temps les « Dolly
Sisters » surnommées « les jumelles de la chanson » parce qu'elles étaient
jumelles et qu'elles chantaient, enfin, il fit quelques remplacements dans
l'orchestre de danse typique de Ricardo Pérez nommé ainsi parce qu'il
s'appelait Ricardo Pérez.
Hélas, petit à petit, Joël se démotiva de la carrière
musicale et finit par mettre sa guitare au clou.
Il se tourna alors vers la peinture, art qu'il pouvait
exercer seul, chez lui. Quel rapport me direz-vous ? J'en sais rien vous
répondrais-je, mais c'est ainsi. Il troqua son médiator contre des pinceaux
et sa Gibson contre une télé même pas en couleur.
JOËL ECRIVAIN
Puis le
miracle se produisit : quarante ans plus tard, les Rocker's, tous au bord de
la retraite se retrouvèrent, après s'être oubliés toutes ses années, et
décidèrent de se réunir régulièrement pour évoquer le passé et se faire des
bonnes bouffes. C'est à ce moment que Joël décida de troquer ses pinceaux
contre une plume d'oie et un parchemin, enfin plus exactement un ordi et une
imprimante, et se mit à l'écriture de son premier bouquin, dont le sujet fut
tout trouvé : il allait raconter la merveilleuse épopée des Rocker's.
Le livre s'appelle : 85 ANS A EUX CINQ et
est édité aujourd'hui chez ABM-Editions. Naturellement, ami internaute, je
t'en recommande chaudement la lecture.
LA RENAISSANCE
Mais il y
eut dans la vie de Joël un second miracle : l'envie de reformer les Rocker's
et de remonter sur scène. Et ça, c'est vraiment ce qui pouvait lui arriver
de mieux : REVIVRE SA PASSION REFOULEE. Ce rêve fou
est maintenant concrétisé avec la formation :
LE ROCKER'S BLUES BAND.

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